"L'EI est beaucoup plus dangereux que l'on croit"
Le Nouvel Observateur
Encadré par plusieurs hommes armés du groupe djihadiste Etat islamique (EI), foulard noué sur la tête, sac à dos porté à l'épaule, le journaliste allemand Juergen Todenhoefer a fait la tournée des places fortes tenues par le groupe terroriste : Raqqa, Deïr ez-Zor en Syrie et Mossoul en Irak où il a visité la mosquée dans laquelle le leader de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, avait tenu son unique discours public.
Dans ces bouts de territoires contrôlés, le régime de la terreur règne. "Je pense que l'EI est beaucoup plus dangereux que ce que pensent les dirigeants occidentaux", a confié le journaliste à son retour de reportage à CNN qui a diffusé quelques extraits de son reportage.
Alarmiste, il estime que les combattants de l'EI "préparent la plus grande campagne de nettoyage religieux que le monde ait jamais vu".
Si rien ne permet aujourd'hui d'avancer un tel scénario, la lutte engagée par les forces de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis prometd'être de longue haleine. Et dans ces villes, les combattants ont écarté tous ceux qui pouvaient constituer un obstacle à leur volonté d'y installer leur "califat".
Il y un sentiment terrible de normalité à Mossoul", ville prise lors d'une offensive-éclair en juin dernier, explique Juergen Todenhoefer. "130.000 chrétiens ont été chassés, les chiites ont fui, beaucoup de gens ont été assassinés ; maintenant la ville fonctionne et les habitants ont l'air d'apprécier la stabilité retrouvée avec l'arrivée de l'EI [...] Bien sûr, nombre d'entre eux ont peur, car les punitions infligées en cas de manquement aux règles de l'EI sont sévères".
"Notre expansion sera sans fin"
Juergen Todenhoefer explique avoir visité l'un des centres de recrutement de l'EI qui accueille près de 50 nouveaux combattants par jour. "Ils ont l'impression qu'ils viennent en terre promise, comme s'ils venaient se battre pour une bonne chose." Des apprentis djihadistes venus d'Europe et des Etats-Unis, certains avec un diplôme de droit en poche, des opportunités de job dans leur pays d'origine, tous prêts à sacrifier leur vie sur le champ de bataille.
L'un d'eux, un Allemand, affirme au journaliste : "La question n'est pas de savoir si nous allons conquérir l'Europe, mais quand. Pour nous, il n'y a plus de frontières, il y a juste des lignes de front [...] Notre expansion sera sans fin. Les Européens doivent savoir que lorsque nous arriverons, ce ne sera pas agréable. Nous serons avec nos armes. Et ceux qui ne voudront pas se convertir à l'islam ou payer la taxe islamique, seront tués".
Pour Juergen Todenhoefer, aucun signe sur place ne montre que l'EI perd du terrain dans les principales zones que l'organisation terroriste contrôle, malgré les quelques victoires enregistrées ces derniers temps par les forces kurdes dans le nord de l'Irak.
S. D.
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