Etats-Unis vs Corée du Nord : qu'est-ce qu'un "Etat soutenant le terrorisme" ?
Celine Lussato
Le Nouvel Observateur
Pyongyang, soupçonné par Washington d'avoir orchestré le piratage de Sony Pictures, pourrait être réinscrit sur la liste américaine des "Etats soutenant le terrorisme", a affirmé ce week-end Barack Obama. "Nous allons procéder à un examen par le biais d'un processus déjà en place", a déclaré le président américain dans une interview accordée à l'émission "State of the Union" sur CNN et diffusée dimanche, soulignant qu'il ne s'agit pas là d'émettre "des jugements uniquement sur la base des événements du jour".
Cette liste, moins connue que celle, plus médiatisée mais abandonnée, des "rogue states"ou "Etats voyous", comporte les pays qui, selon Washington, entretiennent clairement des relations avec des organisations considérées comme terroristes. Mais qui fait partie de cette liste des "Etats soutenant le le terrorisme" ? Pourquoi ? Et quelle est l'histoire de la Corée du Nord avec cette liste ? Eclairages.
# Quels critères pour y figurer ?
Selon le Département d'Etat américain, les pays désignés par ses services comme devant incorporer la liste des "Etats soutenant le terrorisme" sont ceux apportant de façon répétée un soutien à des actes de terrorisme international.
Ils sont ainsi désignés en vertu de trois lois : l'article 6 de la législation sur les exportations, l'article 40 de la loi sur le contrôle du commerce des armes et l'article 620A de la loi sur l'aide étrangère, précise le Département d'Etat américain.
# Quels pays font parti de la liste ?
Année après année, la liste s'est resserrée sur elle-même. N'y subsistent plus que l'Iran (inscrit depuis le 19 janvier 1984), le Soudan (12 août 1993), la Syrie (29 décembre 1979) et Cuba (1er mars 1982).
Mais, à la lumière du récent rapprochement entre Washington et La Havane, Barack Obama a demandé au département d'Etat d'envisager le retrait de Cuba de cette liste.
# Et la Corée du Nord ?
La Corée du Nord faisait parti des "sélectionnés" depuis 1988, peu après l'attentat du 29 novembre 1987 contre le vol KAL 858 de la compagnie sud-coréenne qui reliait Bagdad à Séoul. Attentat imputé à la Corée du Nord, qui a fait 115 morts. Mais en 2008, elle est sortie du classement américain des Etats soutenant le terrorisme. Pyongyang avait alors promis d'ouvrir ses installations nucléaires aux inspecteurs internationaux et selon le Département d'Etat, Washington avait obtenu l'assurance que Pyongyang n'avait participé à aucune action terroriste depuis 6 mois.
# Devenir un "Etat soutenant le terrorisme", qu'est-ce que ça change ?
La désignation d'un pays comme "soutenant le terrorisme" entraîne quatreprincipales catégories de sanctions, indique le Département d'Etat :
- Restrictions sur l'aide étrangère des États-Unis,
- Interdiction des exportations de matériel de défense,
- Contrôles sur les exportations de biens à double usage (civil et militaire, comme des véhicules, voire des matériaux de construction),
- Restrictions financières.
Ce que cela signifie pour la Corée du Nord ? Elle mène ses propres recherches et développements en matière d'armement, elle réceptionne chaque année une importante aide alimentaire. Ainsi le Programme d'aide alimentaire de l'Onu (le PAM) a prévu un plan de 200 millions d'euros pour 2015 en vue de nourrir une bonne partie de la population nord coréenne menacée de famine. Ce plan dépend des aides des pays, notamment de celle des Etats-Unis qui pourraient revoir leur versement en cas d'entrée dePyongyang dans la liste des soutiens au terrorisme.
# La France a-t-elle une liste équivalente ?
D'autres pays et organisations, comme le Canada, le Royaume-Uni ou l'Union européenne dressent également une liste d'Etats ou d'organisations soutenant le terrorisme. Pas la France, qui traite au cas par cas sa politique en la matière, que ce soit en termes de collaboration économique, vente de matériel militaire ou aide humanitaire.
La France est, avec l’Estonie, le seul pays européen à ne pas avoir de relations diplomatiques avec la Corée du Nord, précise le Quai d'Orsay. Mais elle a, depuis le 10 octobre 2011, un Bureau de coopération destiné à établir des liens culturels et humanitaires.
Paris conditionne en fait une amélioration de la relation franco-nord-coréenne à des avancées sur le dossier nucléaire, les relations intercoréennes, la situation humanitaire et celle des droits de l’Homme.
Céline Lussato
No hay comentarios:
Publicar un comentario